Auschwitz de Pascal Croci
C'est une BD que j'ai lu sur les bons conseils d'AneverBeen, qui en a déjà parlé ici. Cet auteur, qui est le scénariste et le dessinateur, on peut dire que je l'aime bien ; je ne connais pas toutes ses oeuvres, mais ce que j'ai lu m'a beaucoup plu à chaque fois, et je me laisse facilement porter par son univers étrange et froid.
Cet ouvrage-là mêle l'historique et la fiction ; l'auteur a fait de longues recherches, a recueilli les témoignages de rescapés des camps, et cette bande-dessinée est le fruit de cinq années de travail.
Mais avant de commenter ce travail, justement, voici un résumé.
L'histoire débute en ex-Yougoslavie, en 1993. Kazik et sa femme Cessia, tous deux emprisonnés dans une caserne du pays, se remémorent les terribles moments qu'ils ont passés dans le camp de concentration d'Auschwitz, en 1944. C'est Kazik qui revient en premier sur son passé ; déporté avec sa femme et sa fille, desquelles il a été séparé, il décide de se porter volontaire pour le Sonderkommando afin de les revoir. Sa tâche consiste à transporter puis brûler les corps de toutes les victimes assassinées chaque jour dans le camp ; c'est ainsi qu'il retrouve sa fille Ann, presque morte après avoir été gazée. Un mois plus tard, il parvient à s'évader du camp, ne sachant ni ce qui était arrivé à sa fille, ni à sa femme.
Celle-ci raconte ensuite sa propre histoire, en commençant par expliquer ce qui était arrivé à Ann après son sauvetage in extremis de la chambre à gaz. Cette dernière, très malade, finit par mourir du typhus deux jours avant la libération du camp.
Kazik et Cessia se remémorent ces horribles passages de leur vie des dizaines d'années plus tard, alors qu'ils sont de nouveau promis à une mort certaine.
Cette BD historique, pour laquelle, comme je l'ai expliqué, l'auteur a fait des tas de recherches très poussées, est totalement prenante ; on voit bien qu'il a passé du temps à peaufiner son ouvrage, tant au niveau du scénario que des dessins (il explique tout ça à la fin, dans une interview).
La BD est entièrement dessinée en noir et blanc, ou plutôt en "gris et blanc" ; une certaine froideur propre à cette période ressort de ces graphismes, comme si l'auteur avait voulu figer cette terreur glaciale. Les personnages, aux longs doigts minces, sont finement réalisés, certains ayant un aspect fantômatique et/ou sévère.
Comme il l'explique lui-même, l'auteur ne cherche pas ici à créer une simple BD historique sur la Shoah ; il souhaite par son oeuvre que jamais l'on oublie toutes ces victimes, du camp d'Auschwitz comme des autres, des nazis.
Une lecture touchante et intéressante ; je n'en attendais pas moins de cet auteur génial.
Merci AneverBeen !